L’APPEL CHOC DE MGR BARTHELEMY YAOUDA HOURGO A LA CATHEDRALE DE YAGOUA
Lors de son homélie du Nouvel An, le 1er janvier 2025, Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo, évêque de Yagoua, a marqué les esprits par des propos percutants. Devant une foule réunie à l’esplanade de la cathédrale de Yagoua, il a lancé un cri du cœur sur la condition de vie des Camerounais.
Dans son discours, Mgr Hourgo n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé la souffrance prolongée des populations et appelé à un changement radical :
« On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas. Même le Diable qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun et on verra après. »
Cette déclaration choc, qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et des médias locaux, traduit le désespoir ressenti par de nombreux Camerounais face à une situation économique et sociale difficile.
Ces propos s’inscrivent dans la continuité des prises de position de l’évêque, connu pour son franc-parler et son engagement en faveur des plus démunis. Lors de précédentes interventions, il avait déjà pointé du doigt les inégalités sociales, la mauvaise gouvernance et le manque de réformes structurelles pour améliorer les conditions de vie des citoyens. « Trop C’est trop. La guerre au Nord-Ouest, il suffit seulement d’un petit truc on aurait fini. Ici on a Boko Haram. Pourquoi on incite toujours le chef de l’Etat à être candidat. Non ! Tu peux donner la machette ou la houe à ton père d’aller à pied à 1 km pour aller travailler au champ ? C’est quoi ces camerounais-là. Et on nous dit seulement de prêcher la paix. Les gens en ont marre », a soutenu l’évêque de Yagoua sur Equinoxe télévision.
Les paroles de Mgr Hourgo ont suscité des réactions variées. Pour certains, elles reflètent un ras-le-bol généralisé face à des décennies de promesses non tenues et de dégradation des conditions de vie. Pour d'autres, elles sont perçues comme une provocation inappropriée, surtout venant d’un dignitaire religieux.
La sortie de Mgr Hourgo intervient dans un contexte où de nombreux Camerounais font face à une inflation galopante, à un taux de chômage élevé et à un accès limité aux services de base. Les inégalités sociales s’accentuent, alimentant frustration et désillusion parmi la population.
Le discours de l’évêque reflète ainsi le sentiment d’abandon ressenti par une partie de la société, mais soulève également des interrogations sur la responsabilité des élites religieuses et politiques dans la recherche de solutions.
Cette intervention pose également la question du rôle de l’Église dans la société camerounaise. En tant que l'une des institutions les plus respectées, elle est souvent appelée à jouer un rôle de médiateur et de porte-voix des sans-voix. Toutefois, des déclarations aussi controversées que celles de Mgr Hourgo risquent de diviser plutôt que de rassembler.
Les paroles de Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo résonnent comme un appel urgent à un changement de cap dans la gouvernance du Cameroun. Si elles traduisent un sentiment de désespoir, elles soulignent également la nécessité pour les leaders, tant religieux que politiques, de proposer des solutions concrètes pour répondre aux attentes des citoyens.
Alors que le pays se prépare à de nouvelles échéances électorales, ces déclarations pourraient bien marquer un tournant dans le débat public, incitant chacun à réfléchir sur les voies à emprunter pour sortir de l’impasse actuelle.
Brice Bernard Ndjongo